Décembre, le rat noir a rempli sa hotte

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​Pour décembre, première étape toute en douceur en Grèce Au café d’Eole avec Dimitris Stefanakis ; France : voyage dans le « petit âge glaciaire » au XVIème siècle, Quand la nature se rebelle de l’allemand, Philip Blom ; plongeon avec Raoul Vaneigem dans Les harmonies polygames en amour de Charles Fourier ; Seconde étape un peu plus amère, pour commencer en Australie/Canada/Ecosse : Je pleure encore la beauté du monde de Charlotte McConaghy ; Afghanistan : Punkhtu Primo, un roman noir de Doa ; Espagne 1936/39 : Un antifascisme de combat de Pierre Salmon. « L’utopie, c’est l’État d’une société où Marx ne critiquerait plus Fourier »
Roland BarthesKalambaka, Les météores au petit matin, photo Patrick Schindler, 2024Dimitris Stefanakis Au Café d’ÉoleDimitris Stefanakis est né en 1961, sur l’île de Kea et a fait ses études à Athènes. Il est l’auteur de plusieurs romans dontFilm noiretJours d’Alexandrie, qui a obtenu le Prix Méditerranée en 2011.Au café d’Éole(éd.Atelier Henry Dougier, trad. Vasso Loukou) est un roman de Dimitris Stefanakis, que nous avons déjà croisé dans le Rat noir d’octobre.Le café d’Éole a pour patron «un drôle de petit bonhomme massif » au prénom éponyme. Épris de littérature, au beau milieu de son établissement « toujours rempli, se trouve une espèce de rondpoint, où trône un comptoir encombré de livres ».Avant d’apporter son café au narrateur du récit, Éole, donc, lui demande de noter sur un papier, les titres de ses dix ouvrages préférés. Le lendemain, tandis que notre narrateur est en train de lire le premier des dix ouvrages qu’il a indiqué au patron, un personnage «au style déplacé qui porte une redingote et une perruque répugnante» pénètre dans le café. Il harangue les clients se défendant d’être un mendiant et se présentant comme le Colonel Chabert, rescapé de la bataille d’Eylau. «Est-ce vraiment lui, alors qu’il est mort dans le roman de Balzac ?», demande alors notre narrateur à Éole qui lui répond : «Quelle importance : laissons les morts ensevelir les morts » !Mais nous n’en sommes alors qu’au début de nos surprises car nous allons croiser tour à tour, « un Marcel solitaire mais qui n’est pas Proust, puisqu’il est son narrateur» ! puis, deux héros de Stendhal qui ne se supportent pas ; et encore, un Raskolnikov (aux beaux yeux verts, un détail manquant dans son roman), venu régler ses comptes avec Dostoïevski ; une femme, personnage fictif d’un roman d’Albert Camus, et ainsi de suite. «Au Café d’Éole, les héros des romans et leurs auteurs vont et viennent sans crier gare, comme s’ils surgissaient de leur livre pour ensuite y retourner, après avoir exprimé ce qu’ils souhaiteraient être ».Et ce qu’ils auraient souhaité être se révèle souvent bien différent de ce qu’ils sont ! Ainsi en sera-t-il pour Godot, « enfin arrivé » ; pour la famille Samsa, toute

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