Hannah Arendt et ses amis « parias » à Paris ou comment la France a failli à sa mission d’accueil

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Entretien  Fuyant le nazisme, la philosophe espérait y trouver un refuge. Mais, dès 1938, elle et sa bande d’amis – Walter Benjamin, Arthur Koestler, les Cohn-Bendit – furent classés « indésirables » par l’Etat français. Entretien avec l’autrice Marina Touilliez. Au 10, rue Dombasle à Paris 15e, une plaque indique que Walter Benjamin (1892-1940) « philosophe et écrivain allemand, traducteur de Proust et de Baudelaire » vécut ici de 1938 à 1940. Derrière les murs de cet immeuble de style Art nouveau trouvèrent refuge non seulement le grand philosophe auteur de « Sur le concept d’histoire » mais aussi – couvés et protégés par une concierge lectrice de « l’Humanité » en union libre avec un antifasciste italien – la philosophe Hannah Arendt, son second mari Heinrich Blücher, l’essayiste Arthur Koestler, dénonciateur brillant du stalinisme, et d’autres qui formèrent ce que Harendt appela sa « tribu » de « parias ». Pas loin, Erich Cohn-Bendit, un des principaux avocats des communistes persécutés en Allemagne, et son épouse Herta, parents de Gaby (né en 1936 à Montrouge et décédé en 2021) et de Dany (né en 1945 à Montauban). Dans « Parias, Hannah Arendt et la “tribu” en France (1933-1941) », Marina Touillez, journaliste et spécialiste de la Shoah, « apporte des éléments très nouveaux à la biographie de Hannah Arendt » sur les années de son exil français avant son départ aux Etats-Unis, selon la spécialiste de la philosophe Martine Leibovici. Faisant œuvre d’historienne, l’auteure corrige des erreurs paresseusement répétées d’ouvrages en ouvrages. Pour nous qui ne sommes pas historiens, elle fait surtout œuvre de mémoire au nécessaire sens du terme : nous plonger dans une époque qui fait honte à notre pays, gauche comprise, et appeller au souvenir d’années paradigmatiques (voir matricielles) pour penser l’inquiétante période que nous vivons, entre montée des racismes – dont l’antisémitisme – et des autoritarismes dans le monde et dans notre pays, en même temps que des lâchetés – du centre et de la gauche – face à ces ascensions pourtant résistibles. Publicité L’année 1938 où la petite bande serrée autour d’Arendt et de Benjamin emménage 10 rue Dombasle apparaît comme celle de la perte définitive des illusions. Alors que ces juifs allemands et communistes – déjà dans l’opposition au stalinisme – ont cru que le pays des dreyfusards les défendraient, la France va les abandonner puis les livrer aux nazis : en 1938, le gouvernement d’alliance entre la droite et des radicaux « en même temps » de droite et de gauche prend des décrets lois, les classe « indésirables » et commence à les regrouper dans des camps avec les réfugiés républicains espagnols, tandis que la Conférence internationale d’Evian sur l’accueil des réfugiés juifs – convoquée par les Etats-Unis pour imaginer u 

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