Le président du Rassemblement National (RN), Jordan Bardella, adopte dans son autobiographie politique une stratégie de modération, ce qui constitue une évolution significative par rapport aux discours traditionnellement associés à l’extrême droite. Cette approche visait à attirer un double électorat : d’une part, des électeurs potentiels qui pourraient être dissuadés par une rhétorique trop radicale, et d’autre part, les partisans historiques de l’extrême droite qui pourraient décoder des références subtiles.
Cette dualité dans la communication de Bardella peut être analysée à travers le prisme de la théorie de la « dédiabolisation » popularisée par Marine Le Pen, qui consiste à rendre l’image du parti plus acceptable aux yeux d’un public plus large. Ce processus s’inscrit dans une logique de normalisation politique, où le parti cherche à se positionner comme une option viable et légitime dans le paysage politique mainstream.
Du point de vue des théories de communication politique, cette stratégie de Bardella relève de la théorie de la « frame » de Erving Goffman, où le discours est encadré de manière à influencer la perception des électeurs. En présentant un visage modéré, Bardella tente de réframer l’image du RN, la rendant plus attractive pour un électorat plus diversifié, tout en maintenant des éléments de son identité politique originelle pour ne pas aliéner son électorat traditionnel. Cette approche reflète une volonté de naviguer entre l’authenticité et l’adaptation, caractéristique des stratégies politiques contemporaines visant à maximiser le soutien électoral.
Source : https://laviedesidees.fr/Le-costume-neuf-du-president-Bardella