Le métier d’enseignant traverse une période de profond déclin, caractérisé par une perte significative d’attractivité. Cette tendance se manifeste à travers la diminution des candidatures aux concours de recrutement et l’augmentation des démissions. Plusieurs facteurs sous-tendent ce phénomène.
D’un point de vue économique, le gel du point d’indice dans la fonction publique et la stagnation des salaires par rapport au SMIC et au salaire médian contribuent à un sentiment de déclassement. Les enseignants, dont les revenus initiaux étaient autrefois supérieurs au SMIC, voient maintenant leurs salaires relativement diminuer, ce qui les rapproche des standards salariaux du secteur privé, notamment en termes de pouvoir d’achat[1][3].
Sur le plan sociologique, la démocratisation de l’éducation et la massification scolaire ont réduit l’avantage salarial lié aux diplômes. Ce phénomène, analysable à travers la théorie de la pénurie de Gary Becker, indique que la rareté d’un diplôme influence sa valeur sur le marché du travail. Aujourd’hui, les diplômes supérieurs étant plus courants, leur valeur salariale a diminué[1].
Du point de vue culturel et symbolique, le métier d’enseignant subit une délégitimation de son expertise professionnelle. La société, de plus en plus clientéliste, remet en question l’autorité et la compétence des enseignants, ce qui renforce leur sentiment de déclassement. Cette évolution peut être comprise à travers les théories de Pierre Bourdieu sur la légitimité culturelle et le capital symbolique, où la reconnaissance sociale et la valeur accordée à un métier sont essentielles à son prestige[3].
Enfin, les conditions de travail et les contraintes administratives croissantes, ainsi que la pression pour innover et communiquer, ajoutent à la charge de travail et à la perception d’un métier de plus en plus lourd et moins gratifiant. Cette situation reflète les idées de Michel Foucault sur les mécanismes de contrôle et de pouvoir dans les institutions, où les enseignants sont souvent perçus comme des exécutants de politiques standardisées plutôt que comme des acteurs autonomes[3].
Source : https://laviedesidees.fr/Enseignants-le-grand-declassement