Le concept d’Indo-Pacifique, émergent dans les années 2000, a rapidement gagné en importance dans les relations internationales, devenant un outil clé pour les chancelleries mondiales. Cette notion géopolitique intégre les régions de l’océan Indien et du Pacifique, créant un espace stratégique critique qui dépasse les frontières traditionnelles de l’Asie-Pacifique.
D’un point de vue conceptuel, l’Indo-Pacifique reflète une évolution des dynamiques internationales, marquée par le déclin relatif de l’influence américaine et l’ascension de la Chine comme acteur majeur en matière de technologie, de puissance militaire et de commerce. Cette nouvelle configuration géopolitique peut être analysée à travers le prisme de la théorie des relations internationales, notamment la théorie de la transition des puissances de A.F.K. Organski, qui décrit comment les changements dans la distribution de la puissance entre les nations peuvent conduire à des réalignements stratégiques.
Les différentes visions de l’Indo-Pacifique, telles que celles défendues par les États-Unis, la France et l’Allemagne, illustrent des approches divergentes. Les États-Unis se concentrent souvent sur une politique de « containment » de la Chine, tandis que la France et l’Allemagne privilégient une approche inclusive, axée sur le respect du droit international et la promotion d’un multilatéralisme plus large. Ces divergences soulignent les complexités de la géopolitique contemporaine, où les acteurs doivent naviguer entre des intérêts concurrents et des défis de sécurité multiples.
En somme, le concept d’Indo-Pacifique représente un nouveau paradigme géopolitique, caractérisé par des enjeux économiques, énergétiques et sécuritaires, et influencé par les dynamiques de puissance en mutation dans la région. Cette évolution reflète une recomposition des relations internationales, où la coopération et la compétition coexistent dans un espace de plus en plus interconnecté.
Source : https://www.monde-diplomatique.fr/2023/05/BULARD/65739