Après le choc de son absence d’investiture par LFI, la députée triomphalement réélue Danielle Simonnet revient sur les erreurs stratégiques de ce qui était encore jusqu’à peu, le mouvement auquel elle appartenait.
Vous êtes très nombreuses et nombreux à me demander : mais pourquoi cette purge ? Mais que vous reprochaient la direction de La France insoumise (LFI) et Jean-Luc Mélenchon ? Sachez qu’ils se sont bien gardés de nous donner une explication et que des attaques publiques mensongères circulent. Il me semble intéressant de prendre le problème par l’autre bout : qu’avons-nous défendu, nous les 5 purgés avec d’autres, durant ces deux dernières années ?
Par un simple mail daté de 23h22, j’apprends que la direction de LFI me retire mon investiture. Jean-Luc Mélenchon et la direction de mon mouvement ont décidé en effet unilatéralement d’exclure des listes d’investiture pour les législatives les député.es sortant.es qui avaient émis des critiques contre sa ligne politique depuis septembre 2022 : mes camarades Hendrik Davi, Raquel Garrido, Alexis Corbière et moi-même. Chacun.e le sait maintenant, les moyens investis et les méthodes utilisées pour empêcher la réélection des exclu.es déshonorent LFI. Les deux principales figures médiatiques Clémentine Autain et François Ruffin ont été épargnées mais tout a été fait pour les isoler et les pousser à partir. Nous formons désormais un regroupement que l’on peut appeler les insoumis unitaires.
Le récit désormais, c’est que la direction de LFI a bien fait de nous exclure puisque nous aurions préparé en secret depuis des mois leur adhésion à un autre parti (lequel ? Ça varie … ) dans l’objectif d’affaiblir le mouvement – voire de faire un gouvernement avec les macronistes. Rien que ça ! D’autres folies nous ont salies dans cette campagne, jusqu’à traiter Alexis Corbière de raciste, moi-même de ne pas être claire sur la Palestine alors que mes engagements en la matière n’ont pas attendu le 7 octobre.
Il s’agit d’une prophétie en partie auto-réalisatrice : on vire les gens, ils sont contraints de se réorganiser avec d’autres, ce qui permettra d’expliquer ensuite que ça a toujours été leur projet… et justifier leur exclusion !
Classique mais un peu gros tout de même…
Alors comment s’y retrouver ? Je voudrais remonter le fil des positionnements et des désaccords que nous avons exprimés, et qui constituent l’explication de notre éviction, même si pour la direction LFI, le désaccord se résume sans doute au refus de notre part de construire notre stratégie autour de l’obsession de la candidature de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle.
Juin 2022 : tout va bien ou presque, après les 22% de Jean-Luc Mélenchon, la NUPES a permis de renforcer la gauche à l’assemblée et Emmanuel Macron gouverne sans majorité. La gauche est en situation d’incarner l’opposition au macronisme et à l’extrême droite. Dans les discours, la NUPES n’est pas une alliance de circonstance. Elle a permis de réunir les forces de gauche et de l’écologie autour d’un programme inspiré de celui de LFI, portant la perspective d’une transformation en profondeur de la société, en rupture avec le hollandisme.
Les insoumis unitaires n’ont de cesse de rappeler à quel point l’acquis de la NUPES est précieux, et à quel point LFI, comme force principale et centre de gravité politique, a la responsabilité de son maintien.
Dans un premier temps, nous le faisons en tentant d’utiliser les moyens du débat interne à l’approche des Amphis d’été (université d’été du mouvement), nous prononçant à la fois pour un processus de démocratisation interne à LFI et une orientation unitaire, pour l’impulsion de comités NUPES à la base en se défiant de toute tentation hégémonique.
Septembre 2022 : c’est l’affaire Adrien Quatennens. Le député est accusé de violences sexistes. Jean-Luc Mélenchon l’assure de sa solidarité, la direction de LFI tergiverse. Les unitaires prennent position sans ambiguïté, en interne comme en externe, à l’unisson avec les jeunes et les mouvements féministes. Les tergiversations sont un premier coup de canif contre la NUPES et LFI perd des milliers de jeunes et de féministes. L’affaire s’est poursuivie et les législatives anticipées de juin 2024 ont montré à quel point la page n’était pas tournée. Contrairement aux insoumis unitaires, Adrien Quatennens a été investi, déni de réalité, il a dû ensuite retirer sa candidature sous la pression du peuple de gauche.
Automne 2022 : ce sont celles et ceux qui sont les plus fervents militants de la NUPES qui sont écartés des instances de LFI (François Ruffin, Clémentine Autain, Alexis Corbière, Raquel Garrido, autant de figures qui pouvaient nuire au nouveau plan de vol de Jean-Luc Mélenchon, qui de « Faites mieux » est passé à « 2027, ce sera encore moi »). On obtient un séminaire de réflexion dans le groupe sur le fonctionnement de LFI, qui va élaborer des propositions mais le document de synthèse sera immédiatement enterré, même pas distribué au sein du groupe… De démocratisation de LFI, il n’y aura pas, le message est clair. Soit on se tait, soit on s’exprime de l’extérieur, tel est le choix pour celles et ceux qui ont des divergences.
2023 : mouvement contre la réforme des retraites. On bat le pavé des mois durant. Illustrant une conception de LFI comme substitutiste vis-à-vis du mouvement social, en janvier, Jean-Luc Mélenchon pense qu’il est en situation de prendre la direction du mouvement sans médiation, en direct avec le peuple. Il lance sa propre manifestation. Erreur d’appréciation, la mobilisation est très en deçà des capacités de mobilisation de l’intersyndicale. Celle-ci demeure unie et rythme le mouvement par des mobilisations massives.
Deuxième erreur d’estimation, Jean-Luc Mélenchon anticipe une trahison de la CFDT voire de la CGT et parie sur la radicalisation du mouvement. Il tape sur l’intersyndicale. Les initiatives très mal calibrées du député LFI Thomas Portes (l’image du pied sur le ballon à l’effigie du ministre du travail) et d’Aurélien Saintoul (qui traite le même ministre d’assassin) vont dans le même sens. La NUPES se retrouve à nouveau fragilisée alors que la mobilisation devrait la renforcer. L’attitude de la direction de LFI ne permet pas un travail concerté et cohérent entre l’intersyndicale et la NUPES. Les unitaires tiennent un discours rassembleur et préconisent un changement de ton à l’Assemblée.
Mars 2023 : arrive le débat sur l’article 7 du projet de loi, qui porte sur le passage de 62 à 64 ans. Discussion tactique au sein de la NUPES sur la stratégie parlementaire à adopter : poursuivre l’obstruction par l’accumulation d’amendements (stratégie de LFI depuis début février) ou permettre un vote, non pas sur l’article 7 mais sur l’amendement de suppression de l’article 7 ? L’intersyndicale est pour un vote qui obligerait chacun à se prononcer (LR et RN compris). La discussion a aussi lieu au sein du groupe parlementaire LFI. Le vote est très serré mais la majorité décide de retirer des amendements pour pouvoir voter cet amendement de suppression de l’article 7. Sauf que sous forte pression de Jean-Luc Mélenchon (qui n’est pas député, faut-il le rappeler), les amendements ne furent pas supprimés. Il n’y eut donc pas de stratégie commune de la NUPES et pas de convergence avec l’intersyndicale. En dépit des annonces sur la qualité tactique de la direction insoumise, la loi a fini par s’imposer et la gauche a raté l’occasion d’apparaître comme le correspondant politique de la mobilisation. La NUPES sort paradoxalement affaiblie et fracturée de la séquence, alors que la population est surtout le salariat n’ont jamais été aussi unis dans leur opposition à une réforme ultra-libérale. Il fallait aller dans le sens de cette unité du peuple et non y faire entrave.
Et rappelons les propos de Philippe Martinez le 19 février 2023 au nom de la principale centrale syndicale investie dans le mouvement : « Le fait de ne pas être allé à l’article 7 pour que chacun puisse afficher sa position, c’est un problème (…). Il fallait mettre les députés, chaque député, devant ses responsabilités (…). Au travers de nombreux incidents – on va dire ça comme ça – on a plus évoqué ces incidents que le fond du problème et ce qui est en débat dans la rue » avec la mobilisation syndicale, a-t-il dit, pointant « des forces politiques [qui] essaient de se substituer aux organisations syndicales et de se mettre en avant par rapport [à] ceux qui défilent dans la rue ». Et de critiquer encore la volonté « parfois sur les bancs de l’Assemblée nationale et singulièrement de La France insoumise, de s’approprier le mouvement social pour reléguer les syndicats au second plan ».
Juin 2023 : EELV saute le pas et désigne sa tête de liste pour les élections européennes alors que LFI propose à juste titre qu’une figure d’EELV prenne la tête d’une liste unique de la NUPES. Les unitaires déplorent cette décision d’EELV. Mais ensuite, contrairement à la direction de LFI qui semble vouloir prendre le prétexte de la désunion aux européennes pour considérer le rassemblement en 2027 comme irréaliste, les insoumis unitaires indiquent qu’il ne faut pas renoncer à l’unité. Surtout une fois que la division aura fait la preuve de sa nocivité à l’occasion des européennes. Notons qu’EELV a voulu jouer sa carte, pensant reproduire la performance de Yannick Jadot à la précédente élection européenne pour rééquilibrer le rapport de forces au sein de la NUPES, mais que mal lui en a pris…
Passons sur le cocasse épisode où Ségolène Royal a pu être imaginée prenant la tête de la liste LFI, que tout le monde a fort heureusement oublié. Comme quoi la souplesse est de mise avec les héritiers du social-libéralisme…
Le 7 octobre 2023 : ce sont les attentats terroristes du Hamas puis l’horreur à Gaza. Tout a été dit sur cette séquence qui, à bien des égards ne s’est achevée, sur le champ politique français, qu’avec la dissolution. Après un premier communiqué très mauvais, la direction de LFI s’est enferrée dans son refus de qualifier les actes de terroristes, gâchant systématiquement 50% de son temps de parole dans les médias à se justifier sur le sujet. Mais surtout elle a pris le parti de cliver quoi qu’il arrive, alors que l’enjeu était d’unir le peuple pour la paix et de construire l’unité à gauche pour la solidarité avec la Palestine afin de peser sur Macron. C’était possible. L’accord pour le programme du Nouveau Front populaire (NFP) le prouve. Et les Palestinien.nes s’en seraient mieux portés. Tous.tes les unitaires se sont exprimés dans ce sens, à commencer par François Ruffin ou Clémentine Autain qui s’étaient positionnés très clairement dès le 7 octobre.
En miroir de LFI, des dirigeants du Parti socialiste (PS) creusaient le fossé par des déclarations qu’on pouvait interpréter comme des soutiens à Israël. C’est sur cette question que la NUPES a explosé, elle n’y était pas condamnée. Olivier Faure a finalement sifflé la fin de la récréation, sous la pression de la partie du PS hostile à la NUPES. Les invectives ont plu, préparant les tensions produites par la division aux européennes. Côté LFI, la caractérisation des socialistes s’est durcie, au point que Jean-Luc Mélenchon a indiqué en mai 2024 qu’ils étaient en dehors du rassemblement : « Disons que, désormais, compte tenu des positions annoncées par Glucksmann, l’union politique avec un PS revenu à ses démons droitiers serait un obstacle à l’unité populaire ».
Mentionnons également la question de l’Ukraine, sur laquelle certaines ambiguïtés ont semé le trouble. Au Parlement européen, les député.es LFI ont voté pour l’aide y compris militaire à l’Ukraine, mais les député.es français ont été plus discret.es et LFI n’a pas participé aux manifestations des anniversaires de la guerre en février 2023 et 2024. Rappelons que Jérôme Legavre, député LFI membre du Parti ouvrier indépendant (POI), est intervenu à l’Assemblée nationale contre tout soutien à l’Ukraine, c’est-à-dire hors des clous de la ligne LFI, mais sans être sanctionné. Enfin, les propositions d’issues s’en tiennent à la diplomatie et la conférence des frontières, outre qu’elle porte le risque d’acter un rapport de force aujourd’hui favorable aux Russes tend à effacer l’exigence du retrait des troupes russes ou le soutien aux mobilisations populaires ukrainiennes.
On se souvient d’un message de Sophia Chikirou, interne au groupe parlementaire mais qui s’était retrouvé dans la presse, où elle expliquait en substance qu’elle regarderait les cadavres des frondeurs depuis le bord de la rivière, on peut évoquer aussi les invectives répétées au sein du groupe parlementaire LFI sur le thème cassez-vous et surtout la scandaleuse éviction de Raquel Garrido dont la sanction pour crime de lèse-Mélenchon fut, rappelons-le, la même que pour Adrien Quatennens, auteur de violences conjugales.
Logique, quand on justifie la fin du rassemblement, les unitaires n’ont pas bonne presse, ils perturbent le jeu. Ajoutons l’influence grandissante du POI, préposé aux basses œuvres depuis l’affaire Adrien Quatennens (une pleine page pour sa défense en septembre 2022 dans l’inénarrable journal Informations ouvrières) et véritable garde prétorienne de Jean-Luc Mélenchon. Voilà une organisation qui ne relève pas du meilleur des traditions du mouvement ouvrier (accusations, invectives, fichage de militant.es…).
Durant la campagne des élections européennes, le pouvoir déploie une répression de très haut niveau contre le mouvement de solidarité avec la Palestine, contre des syndicalistes, des militant.es écologistes radicaux, mais surtout contre LFI, dans l’objectif de fracturer définitivement la gauche. Aucune organisation n’est à la hauteur de la situation, pas plus LFI, qui ne fait rien pour construire le large front nécessaire en défenses des libertés publiques gravement attaquées. En interne, les unitaires tentent de faire la campagne de la tête de liste Manon Aubry, font des offres de service mais sont laissés à l’écart, effacés des photos, au propre et au figuré.
Les insoumis unitaires ne critiquent pas publiquement la campagne, bien que ne partageant pas la stratégie adoptée : tout miser sur la Palestine comme symbole de l’identification à la population issue de l’immigration maghrébine. Il y a en réalité deux campagnes, celle que mène vaillamment Manon Aubry qui peine cependant à se faire entendre sur ses thématiques, face à la campagne menée par un ticket Jean-Luc Mélenchon-Rima Hassan.
S’est ajoutée une série de déclarations qui a donné l’occasion à nos ennemis de nous traiter d’antisémites. Par exemple, nous n’avons rien dit publiquement mais nous sommes opposé.es à toute relativisation de l’antisémitisme qui n’est pas résiduel. Il augmente et il faut dire que chaque acte antisémite est un acte antisémite de trop.
Toute la séquence fragilise la possibilité du rassemblement. Les unitaires y appellent sans relâche, et font en sorte de maintenir les liens avec les anciens partenaires désormais honnis. Heureusement qu’il y eut des repas, c’est un minimum ! François Ruffin et Clémentine Autain tentent de crédibiliser la possibilité d’une candidature de rassemblement en 2027 et d’une alternative à Jean-Luc Mélenchon, désormais personnalité politique la plus clivante et la plus rejetée. Or en 2027, il ne s’agit plus de gagner la course à gauche. La stratégie de Jean-Luc Mélenchon était la bonne en 2022 – mais aujourd’hui, elle ne l’est plus. Cette fois, il s’agit d’aller au deuxième tour de l’élection présidentielle et de l’emporter face à l’extrême droite. Il ne s’agit pas de rejouer le match des deux gauches irréconciliables mais de rassembler autour d’une orientation de rupture avec le hollandisme, dès lors qu’elle constitue le centre de gravité à gauche. La direction de LFI a eu tendance à minimiser la menace de l’extrême droite, comme si elle n’était que la continuité du macronisme en pire, comme si l’extrême droite était déjà au pouvoir, comme s’il n’y avait pas une différence de nature. Rappelons que lors de l’assemblée représentative de décembre 2023, il a fallu toute la pression des délégué.es des groupes d’action pour que le mot extrême droite figure dans le document adopté. LFI n’a pas armé ses militant.es pour qu’iels prennent la mesure du grave péril que l’extrême droite constitue pour les pauvres, les femmes, les racisé.es, le danger majeur pour les droits et libertés. Cette menace impose le rassemblement. Le soir des élections européennes, Jean-Luc Mélenchon est tombé dans le même travers : il n’a parlé ni de la menace de l’extrême droite en France ni du rassemblement.
Quelques semaines plus tard, comment ne pas voir que l’accélération politique provoquée par la dissolution donne raison aux insoumis unitaires sur tous les points ? On pensait avoir trois ans, il n’y a eu que 3 semaines pour le faire. L’accord sur les circonscriptions et le programme constitue une grande victoire, et confirme le centre de gravité établi en 2022.
Les insoumis unitaires accusés de traîtrise défendent la ligne du NFP que la direction de LFI a été contrainte d’accepter en une nuit. Alors comment comprendre que les principaux défenseurs de cette orientation soient écartés à la première occasion ? Le choix du NFP est-il un coup tactique et opportuniste ou le reflet d’une réorientation stratégique ? Il y a la dimension de règlement de compte bureaucratique dans un mouvement qui n’est doté d’aucun mécanisme démocratique réel. Mais l’attitude générale de LFI pose question tant elle semble déterminée par le plan de vol pour la prochaine élection présidentielle, sachant qu’elle sort affaiblie de la séquence des législatives. La purge est un élément auquel s’ajoutent l’omniprésence de Jean-Luc Mélenchon et ses provocations délibérées.
Enfin, il faut prendre la mesure de la manière dont Jean-Luc Mélenchon et la direction de LFI se sont impliqués dans la campagne contre les député.es désinvesti.es. A Bagnolet/Montreuil, Bobigny/Drancy/Le Bourget, Paris 20e ou à Marseille, la campagne a été violente et calomnieuse, parfois ordurière. Rien que dans la circonscription d’Alexis Corbière, 9 députés sont venus soutenir la candidate investie par LFI Sabrina Ali Ben Ali pour le premier tour. 30 minutes avant la fin de la campagne officielle, Jean-Luc Mélenchon s’est même fendu d’une vidéo pour expliquer qu’il y avait de faux bulletins du NFP dans certaines circonscriptions. N’y avait-il pas mieux à faire, par exemple en soutien aux candidat.es LFI en difficulté face au RN ? Est-ce que les moyens matériels et humains investis n’auraient pas pu sauver les 500 voix qui ont manqué à Rachel Kéké ? Etrange sens des priorités.
L’issue des législatives a à nouveau donné raison aux insoumis unitaires et ce à deux niveaux. D’abord, la réélection de 3 d’entre nous malgré les moyens investis est un véritable camouflet pour Jean-Luc Mélenchon et montre que, dans des circonscriptions qui appartenaient à l’espace du mélenchonisme, il existe désormais un espace pour une gauche radicale qui se projette dans l’après-Mélenchon. Plus largement, chacun.e a pu mesurer à quel point Jean-Luc Mélenchon n’est plus en capacité d’incarner le rassemblement. Mais surtout, nous avons démontré que la ligne du rassemblement fonctionne, peut défaire l’extrême droite et mener à la victoire.
Il faut en finir avec une orientation suicidaire pour la gauche et pour LFI. Cette dernière est indispensable au rassemblement parce qu’elle porte les exigences des classes populaires et la perspective d’une transformation profonde de la société. Ne laissons pas la logique boutiquière éteindre l’espoir suscité par LFI dont les unitaires sont les représentants les plus fidèles, tandis que Jean-Luc Mélenchon a tourné le dos au projet qu’elle portait. Portons une logique collective et démocratique. Les unitaires insoumis n’ont pas pour projet de brader le programme de la NUPES, celui du NFP ou de revenir au hollandisme qui nous a conduits à la catastrophe. Nous n’avons pas changé de programme : nous avons contribué à établir « l’avenir en commun » et nous continuons de le porter.
La dimension de rupture est la condition simultanée de la victoire – avec celle du rassemblement. Ce sont les deux éléments qui définissent les insoumis unitaires et la boussole qu’ils proposent à tous les insoumis, dans une situation bouleversée et inédite où il faut être à la hauteur de l’histoire. La situation dramatique dans laquelle nous nous trouvons est aussi une opportunité pour construire l’unité de la gauche de la base au sommet, pas pour affadir le programme de la NUPES mais pour incarner une véritable alternative à l’extrême droite, qui puisse entrainer les classes populaires et mettre en mouvement la société.