Critiquer Israël, alimenter le génocide

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Malgré leurs condamnations publiques des actions israéliennes à Gaza, l’Afrique du Sud, l’Irlande et l’Espagne entretiennent toujours des relations économiques et diplomatiques étroites avec Israël. John Reynolds, professeur associé à l’université de Maynooth en Irlande plaide dans cet article pour que les États qui se disent solidaires du peuple palestinien aillent au-delà des condamnations performatives et des initiatives symboliques et mènent une action concrète et significative contre le régime génocidaire israélien.

Lors d’une conférence donnée à Dublin à l’occasion de la Journée de la Nakba, Lubnah Shomali, de l’organisation de défense des droits des Palestiniens BADIL, s’est vu demander ce qu’elle pensait du projet du gouvernement irlandais de reconnaître un État palestinien. Sa réponse est allée droit au but : « Il s’agit d’une manœuvre du gouvernement irlandais pour apaiser vos demandes. Vous demandez un cessez-le-feu et des sanctions. Nous demandons un cessez-le-feu et des sanctions. Quelle que soit l’image qu’ils ont en tête pour cet « État », la reconnaissance va-t-elle entraîner un cessez-le-feu et des sanctions ? Non. »

Shomali a souligné la réalité fondamentale selon laquelle, face à une violence génocidaire à la fois spectaculaire et structurelle, les gestes symboliques et les paroles fortes sont en fin de compte sans valeur s’ils ne sont pas soutenus par des actes. Les interventions sans impact matériel ou coût tangible ne détourneront pas l’attention d’un État militarisé en proie à une guerre d’élimination et de nettoyage ethnique. En effet, le problème n’est pas seulement, comme l’a souligné Mohammed El-Kurd, que la « simple reconnaissance » est insuffisante si elle n’est pas accompagnée de sanctions concrètes, mais que ces mesures symboliques sont souvent prises précisément et délibérément pour éviter de prendre de telles mesures matérielles.

Si l’on considère l’ensemble des mesures symboliques prises par différents acteurs au cours des derniers mois – la reconnaissance d’un État palestinien par une petite cohorte de gouvernements européens, les dénonciations vigoureuses du génocide par des dirigeants latino-américains, le procès historique intenté par l’Afrique du Sud contre Israël devant la CIJ, etc.- nous devons également nous demander ce que ces États et ces dirigeants ne font pas en réponse à la campagne d’extermination menée par Israël à Gaza et à son régime d’apartheid de longue date dans l’ensemble de la Palestine historique. Dans le cadre de ces spectacles politiques, diplomatiques et judiciaires, quels sont les leviers économiques qui ne sont pas actionnés ? Comment comprendre l’économie politique de relations commerciales « normales » avec une entité génocidaire qui continue à perpétrer des massacres quotidiens ? Et où pourrions-nous chercher des signes de réponses anti-impériales plus matérielles à l’horizon ?

Ces questions mettent en lumière certaines contradictions : alors que la plupart des États du monde ont reconnu la Palestine depuis la déclaration d’Alger de l’OLP en 1988, ils ont presque toujours maintenu des relations commerciales et économiques normales avec Israël. Cela vaut pour les gouvernements qui soutiennent rhétoriquement la Palestine – qu’il s’agisse de l’Espagne ou de l’Irlande au sein de l’Occident impérial, ou de l’Afrique du Sud ou du Brésil dans le Sud global – et quel que soit le contexte de l’époque : intifada, annexion, génocide.

ENTRE RECONNAISSANCE ET MUNITIONS

L’Espagne et l’Irlande ont été célébrées comme des voix progressistes discordantes dans le contexte européen en raison de certaines de leurs déclarations et prises de position sur la Palestine. Les deux États ont reconnu l’État palestinien (fantôme) à la fin du mois de mai 2024. En juin, l’Espagne a soumis son intervention à la CIJ dans l’affaire du génocide entre l’Afrique du Sud et Israël, et l’Irlande s’est engagée à faire de même. Le premier ministre espagnol Pedro Sánchez a critiqué ouvertement la guerre d’Israël contre Gaza, tandis que le dirigeant irlandais Simon Harris a déclaré : « Premier ministre Netanyahou, vos actions nous répugnent ».

D’un point de vue irlandais, du moins, voir les dirigeants néolibéraux d’un parti historiquement réactionnaire et partitionniste comme le Fine Gael de M. Harris être loués pour leur position sur la Palestine inspire le dégout. Cela masque le gouffre qui existe entre le véritable sentiment d’empathie que la plupart des Irlandais éprouvent pour la lutte palestinienne et la rhétorique superficielle de la classe dirigeante. Ce qui est encore plus troublant, c’est que le soutien apparent de l’État irlandais aux Palestiniens s’est accompagné de relations économiques continues et croissantes avec l’État israélien.

L’Irlande, qui se classe au 120e rang mondial en termes de population, est désormais le 4e marché d’exportation d’Israël, ce qui s’explique en grande partie par la position particulière des deux pays dans l’économie mondiale de la technologie et par l’importance des échanges de microprocesseurs et de composants électroniques. Israël est ainsi la 7e source d’importations de l’Irlande, qui comprend également des drones militaires achetés par le gouvernement auprès de compagnies d’État israéliennes et de la plus grande entreprise d’armement israélienne, Elbit Systems. Au cours du seul premier trimestre 2024, les commandes de drones israéliens par le gouvernement irlandais ont déjà doublé par rapport à 2023. Au début de 2024 – alors que l’Irlande soutenait dans la procédure d’avis consultatif de la CIJ que tous les États sont tenus d’empêcher le commerce qui consacre la colonisation et l’annexion des terres palestiniennes par Israël – les exportations irlandaises vers Israël ont augmenté de 28 % par rapport à la période équivalente de 2023.

Une part importante de ces exportations irlandaises vers Israël sont ce que l’on appelle des « biens à double usage », c’est-à-dire des produits, des services ou des technologies qui ont un usage à la fois civil et militaire. En 2023, ces biens représentaient 13,5 % des exportations totales, soit une multiplication par près de sept entre 2022 et 2023, la majorité de ce pic ayant lieu après le 7 octobre 2023. La délivrance de nouvelles licences d’exportation de biens à double usage vers Israël s’est poursuivie à un rythme soutenu en 2024, alors que le génocide à Gaza se poursuit. Selon le gouvernement irlandais, aucune demande de licence de biens à double usage n’a été rejetée au cours de cette période, les ministres affirmant (sans donner de détails) qu’ils effectuent tous les examens et évaluations requis en matière de respect des droits de l’homme et du droit humanitaire par l’utilisateur final. Le gouvernement insiste essentiellement sur le fait qu’il n’a aucun problème avec la vente d’équipements et de technologies à double usage à un État qui commet des atrocités de masse à une échelle catastrophique.

Au-delà de ces exportations directes, l’État irlandais soutient également Israël sur le plan économique par l’intermédiaire de son Fonds d’investissement stratégique, qui détient des investissements dans une série d’entreprises figurant sur la liste noire des Nations unies des sociétés impliquées dans les colonies israéliennes. Si le gouvernement s’est finalement engagé à se désengager de certaines de ces entreprises – et fait l’objet d’une action en justice au motif que ses investissements dans l’entreprise criminelle de colonisation produisent des revenus qui s’apparentent eux-mêmes à des produits du crime – il maintient néanmoins ses investissements dans d’autres entreprises figurant sur la liste noire des Nations unies. Ces dernières années, les gouvernements irlandais successifs dirigés par le Fine Gael ont également rejeté les initiatives législatives présentées par les membres de l’opposition en vue d’interdire le commerce avec les colonies et de désinvestir des entités des colonies. Plus récemment, le gouvernement a bloqué une proposition de loi d’embargo sur les armes visant à restreindre le transit et l’exportation d’armes vers Israël depuis et via l’Irlande et à garantir des inspections adéquates des avions américains qui font actuellement escale en Irlande sans interdiction ni inspection. Le transport d’armes à travers le territoire irlandais est déjà censé être interdit par la législation existante, mais dans la pratique, depuis la guerre en Irak, l’armée américaine a reçu carte blanche à l’aéroport de Shannon, et des milliers d’exemptions annuelles pour éviter les inspections sont accordées par le gouvernement aux États-Unis et à l’Allemagne.

Cette réticence à s’engager dans une quelconque perturbation matérielle est sous-tendue par l’économie politique du système capitaliste compradore irlandais, le rôle de l’État en tant que paradis fiscal et courroie pour le secteur de la tech américaine et ses circuits de capitaux, et la dépendance de la classe dirigeante irlandaise vis-à-vis des investissements américains. Lorsque la Chambre de commerce américaine ou le secrétaire au commerce d’un État américain font pression sur les dirigeants irlandais pour qu’ils n’interdisent pas le commerce avec les colonies israéliennes, cela a tendance à avoir l’effet escompté. Il en résulte une approche commerciale habituelle avec Israël, alors même que ce pays intensifie les bombardements génocidaires sur les « zones de sécurité » de Gaza et impose la famine à sa population.

De même, l’État espagnol a maintenu des relations commerciales normales avec Israël. En ce qui concerne le commerce des armes en particulier, les exportations d’armes espagnoles vers Israël ont augmenté de manière significative ces dernières années, approchant des niveaux records en 2023. Bien que les ministres espagnols aient affirmé avoir mis fin aux licences d’exportation d’armes après le 7 octobre 2023, l’Espagne a en fait continué à exporter des munitions vers Israël. Une analyse récente du Centre d’études pour la paix conclut que « les relations militaires entre l’Espagne et Israël sont restées essentiellement ce qu’elles étaient avant le 7 octobre », l’Espagne continuant également à acquérir des armements auprès d’Israël « comme elle le faisait avant le 7 octobre ». La question de Yara Hawari est pertinente : « Que signifie la reconnaissance de l’existence d’un État pour un peuple si l’on reste complice du financement, de l’armement et de l’équipement du régime qui détruit ce peuple ?

ENTRE LITIGES ET RELATIONS CAPITALISTES

Alors que l’Irlande, l’Espagne et quelques autres ont été désignés comme des voix d’exception à la politique étrangère européenne dominante sur la Palestine, la critique la plus forte et la plus soutenue d’Israël est venue du Sud Global. Le procès pour génocide intenté par l’Afrique du Sud contre Israël devant la CIJ et les événements connexes – L’Allemagne dénoncée par la Namibie pour son incapacité à tirer les leçons de sa propre histoire génocidaire ; le procès intenté par le Nicaragua contre l’Allemagne pour complicité – ont été présentés comme des ruptures historiques et potentiellement transformatrices de la politique et des hiérarchies établies du droit international. Pour beaucoup, ces actions représentent le refus du Sud Global d’accepter l’hégémonie institutionnelle des puissances impériales occidentales. Comme le dit Balakrishnan Rajagopal : « L’affaire de l’Afrique du Sud devant la CIJ est le signe avant-coureur d’un nouvel ordre mondial dirigé par les anciens opprimés et esclaves. Un véritable moment d’espoir TWAIL (Third World Approaches to International Law) ».

Ces récits sont convaincants et valables à bien des égards. C’est évidemment une histoire attrayante à laquelle on peut se raccrocher en des temps aussi sombres. Après l’ordonnance initiale de la CIJ en janvier 2024, l’Afrique du Sud a continué d’étayer son dossier par de multiples demandes de mesures conservatoires, par une longue présentation au Conseil de sécurité des Nations unies documentant l’intention génocidaire d’Israël à Gaza et appelant le Conseil à appliquer les ordonnances de la CIJ, et par des promesses d’arrêter et de poursuivre les personnes ayant la double nationalité ayant combattu au sein de l’armée israélienne en Palestine.

Mais pour de nombreux Palestiniens et autres victimes de la violence impériale, la « sorcellerie » du droit international et de l’ordonnance de janvier de la CIJ réside dans l’illusion qu’ils agissent de manière spectaculaire et perturbatrice sans toucher aux structures matérielles du pouvoir. Si l’image d’une Afrique du Sud « post » apartheid traduisant Israël en justice pour ses atrocités génocidaires est puissante, nous ne pouvons pas non plus ignorer le fait que l’Afrique du Sud est restée le principal partenaire commercial d’Israël sur le continent africain. Malgré les pressions exercées par les mouvements sociaux avant et depuis octobre 2023, le gouvernement sud-africain a refusé d’interdire le commerce, de couper les liens financiers ou d’imposer des sanctions économiques à Israël. Même sur le plan diplomatique, lorsque le parlement sud-africain a voté la fermeture de l’ambassade d’Israël et l’expulsion de l’ambassadeur en novembre 2023, l’exécutif a choisi de ne pas y donner suite.

En d’autres termes, l’Afrique du Sud a continué à entretenir des relations diplomatiques et économiques avec un État qu’elle a accusé de manière répétée et accablante d’avoir perpétré un génocide dans une affaire de la CIJ, et d’avoir commis des « atrocités de type apartheid » dans une autre. Au mépris de la conclusion logique de ses propres arguments, l’Afrique du Sud traite Israël comme un partenaire commercial normal tout en faisant appel à la CIJ en termes existentiels pour qu’elle agisse « maintenant – avant qu’il ne soit trop tard – pour faire ce qui est en son pouvoir » afin d’empêcher la famine génocidaire à Gaza.

La nature apparemment « perplexe » des relations de l’Afrique du Sud avec Israël doit à nouveau être comprise dans le contexte d’un engagement néolibéral en faveur du libre-échange et d’une conscience aiguë de la dynamique plus large des flux de capitaux et d’investissements transnationaux, en particulier dans le but de garder à bord des États-Unis déjà sceptiques. Alaa Hajyahia et Reshard Kolabhai expliquent en partie cela par les tendances néocoloniales de l’ANC et son manque de légitimité au niveau national. Le parti, affirment-ils, « peut abhorrer le génocide sans spécifier explicitement d’autres dispositions juridiques, institutionnelles ou politico-économiques » sur la manière dont le pouvoir et les relations sociales devraient être restructurés en Afrique du Sud même, ou ailleurs.

Depuis la quatrième et dernière demande de mesures conservatoires présentée par l’Afrique du Sud à la CIJ en mai 2024, l’ANC a perdu sa majorité et dirige désormais une coalition large mais manifestement plus à droite, qui comprend des partis aux positions sionistes avouées. Alors que l’ANC a conservé les ministères clés et promis qu’il restait pleinement engagé en faveur de la Palestine et de l’affaire de la CIJ, les représentants de l’opposition accusent déjà l’ANC d’assouplir sa position sous la surveillance de son principal partenaire de coalition, l’Alliance démocratique. En effet, John Steenhuisen, chef de file de ce parti, a précédemment remis en question la validité de la plainte pour génocide déposée par son propre État contre Israël en des termes éloquents : « Le génocide des uns est la liberté des autres ».

ALIMENTER LE GÉNOCIDE

À l’instar de l’Irlande et de l’Espagne en Europe ou de l’Afrique du Sud et de la Namibie en Afrique, des États comme le Brésil et la Colombie ont été les premiers en Amérique latine à dénoncer le génocide israélien. Toutefois, contrairement à d’autres, la politique économique de la Colombie a commencé à correspondre à sa rhétorique.

Au cours des neuf derniers mois, les appels à un embargo sur les armes ou à la suspension des licences d’exportation d’armes ont dominé le débat politique international. Ces appels concernent évidemment au premier chef les puissances occidentales qui fournissent à Israël des armes et des avions de combat, ainsi que les pays de transit et les ports qui pourraient être en mesure d’empêcher les « cargaisons de la mort » d’acheminer leurs munitions. Mais les travailleurs palestiniens, les syndicats et les groupes de défense de l’environnement ont également appelé à un embargo mondial total sur l’énergie à destination d’Israël, afin de couper les lignes d’approvisionnement qui permettent à la machine de guerre et à l’économie de guerre de fonctionner.

Malgré cela, les combustibles fossiles ont jusqu’à présent continué à circuler. Il s’agit notamment de carburant spécialisé pour les avions de guerre israéliens « qui font pleuvoir la mort et la destruction sur Gaza », ainsi que du pétrole brut qu’Israël raffine sur son territoire pour approvisionner l’armée. Une grande partie de ce pétrole provient d’États semi-périphériques et d’États du Sud. Outre les États-Unis, les principales sources d’importation de pétrole et de carburant d’Israël depuis octobre 2023 sont l’Azerbaïdjan, le Brésil, le Gabon, le Kazakhstan et la Russie. Israël a également continué à recevoir des livraisons offshore « petites mais régulières » via l’oléoduc Sumed en Égypte, qui transporte du pétrole brut en provenance de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis.

En 2022, le Brésil était le deuxième fournisseur de pétrole brut d’Israël après l’Azerbaïdjan, avec 28,6 % des importations totales. Malgré les condamnations virulentes des atrocités commises par Israël depuis octobre 2023 par le président Lula, d’importantes cargaisons de pétrole brut brésilien ont été expédiées vers Israël en décembre 2023 et février 2024, alors que le génocide continuait de s’intensifier et que Rafah était assiégée. Les chaînes d’approvisionnement en matières premières et en sources d’énergie qui alimentent l’État israélien et son armée n’ont pas été interrompues, malgré la fermeté du discours.

En Colombie, cependant, le succès de la campagne pour un embargo énergétique a montré qu’une autre voie était possible. En juin 2024, « après des mois d’engagement avec le gouvernement colombien de la part d’une alliance d’organisations palestiniennes et colombiennes, y compris le syndicat des mineurs de charbon et des groupes indigènes », le président colombien Gustavo Petro a publié un décret suspendant toutes les exportations de charbon vers Israël. L’impact matériel de cette mesure est en soi significatif. Le charbon alimente près d’un quart du réseau électrique israélien, et la Colombie était le principal fournisseur d’Israël, avec 60 % de son approvisionnement total. Israël s’est immédiatement tourné vers d’autres fournisseurs et aurait reçu des « réponses positives de la part de pays tels que l’Afrique du Sud et la Russie », ses principaux fournisseurs de charbon après la Colombie.

Au-delà de ses effets immédiats, l’embargo sur le charbon décrété par la Colombie pourrait également avoir des répercussions. Le sentiment d’un accord tacite prévalant – même pour les États entretenant des relations antagonistes avec Israël – selon lequel « on ne touche jamais au commerce » s’est érodé. Et, comme l’explique Shir Hever, Israël est déjà confronté à « rien de moins qu’une catastrophe économique » à la suite de son attaque à Gaza : chute des investissements étrangers, faillite de dizaines de milliers d’entreprises, fuite des travailleurs et des capitalistes en nombre potentiellement important, transfert par les Israéliens de leurs investissements et de leurs pensions vers des fonds à l’étranger par manque de confiance dans le système financier israélien. Le seul secteur de l’économie israélienne qui soit florissant est, de manière grotesque mais sans surprise, l’industrie de l’armement. En ce qui concerne les moyens de production et le secteur technologique qui sous-tend la marque « start-up nation » d’Israël, M. Hever rappelle les risques liés à l’embargo colombien sur le charbon et ses effets potentiels sur la garantie et la continuité de l’approvisionnement en électricité : « Les fermes de serveurs ne fonctionnent pas sans électricité 24 heures sur 24, et personne ne sait combien de pannes de courant le secteur israélien de la haute technologie pourrait survivre. »

Il est clair que l’économie israélienne et le sionisme lui-même se trouvent aujourd’hui à un tournant critique et qu’il s’agit d’un « moment unique pour la libération de la Palestine ». Les militants palestiniens ont rapidement appelé l’Afrique du Sud et d’autres pays à « suivre l’exemple de la Colombie » en adhérant à l’embargo sur l’énergie et en rompant d’autres relations commerciales. Pour les États qui se disent solidaires du peuple palestinien, il s’agit là d’un test décisif : sont-ils prêts à suivre cet exemple, à aller au-delà des condamnations performatives et des initiatives symboliques, et à imposer des conséquences matérielles contre l’apartheid et le génocide ?

John Reynolds

Article original publié en anglais sur le site du Law and Political Economy Project (LPE).

 

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