Les récentes émeutes au Bangladesh, qui ont éclaté en juillet 2024, révèlent une complexité profonde dans les dynamiques de pouvoir et de contestation sociale. Initialement déclenchées par des étudiants protestant contre un système de quotas dans la fonction publique, ces manifestations ont rapidement escaladé en une crise nationale, mettant en lumière des griefs plus larges contre la corruption, l’économie et le régime autoritaire de la Première ministre Sheikh Hasina.
Cette situation peut être analysée à travers le prisme de la théorie de la reproduction des rapports de pouvoir de Pierre Bourdieu, où les structures sociales et les mécanismes de domination sont perpétués malgré les mouvements de contestation. Les étudiants, en réclamant la fin du système de quotas, ont touché un nerf sensible du système de pouvoir en place, exposant ainsi les inégalités et les injustices systémiques.
La répression violente par le gouvernement, incluant l’utilisation d’armes létales, des couvre-feux et la coupure d’internet, illustre la théorie de l’État comme appareil répressif de Louis Althusser, où l’État maintient son pouvoir par la force et la coercition. La victoire finale des manifestants, symbolisée par la fuite de la Première ministre, pose cependant la question de savoir si cette victoire bénéficie réellement au prolétariat ou si elle ouvre simplement la voie à un autre régime bourgeois, perpétuant ainsi les structures de pouvoir existantes.
Cette ambiguïté rappelle les idées de Antonio Gramsci sur la notion de « bloc historique », où les changements politiques peuvent être limités par les intérêts des classes dominantes, empêchant ainsi une véritable transformation sociale. En somme, les émeutes au Bangladesh mettent en évidence les complexités des luttes de pouvoir et les défis de la transformation sociale dans un contexte de domination politique et économique.
Source : https://fr.internationalism.org/content/11442/emeutes-au-bangladesh-soulevement-a-prepare-autre-regime-bourgeois