La dynamique des relations commerciales entre l’Union européenne (UE) et la Chine est marquée par une complexité stratégique et des tensions croissantes. La Chine, en adoptant une approche pragmatique et proactive, se positionne pour une éventuelle guerre commerciale avec l’UE, tout en espérant éviter un conflit ouvert.
Cette stratégie peut être analysée à travers le prisme de la théorie des jeux, où la Chine anticipe et réagit aux mouvements de l’UE pour maximiser ses intérêts. La décision de Pékin d’imposer des mesures antidumping sur des produits européens, tels que le brandy et le cognac, en réponse aux droits de douane de l’UE sur les voitures électriques chinoises, illustre une logique de réciprocité et de dissuasion.
Ce comportement rappelle les principes de la réalpolitik, où les acteurs étatiques priorisent leurs intérêts nationaux et utilisent tous les moyens à leur disposition pour les défendre. La Chine, en substituant progressivement les importations européennes par des productions nationales, comme le souligne l’analyse de Philipp Lausberg, démontre une volonté de réduire sa dépendance stratégique à l’égard de l’Occident, alignée sur les théories de la sécurité économique et de l’autosuffisance.
Les réactions divergentes des États membres de l’UE, avec l’Allemagne et la France ayant des positions opposées, mettent en lumière les défis de la cohésion et de la coordination au sein de l’UE face à des défis externes. Cette fragmentation interne peut être vue comme un élément clé dans la stratégie chinoise, qui vise à exploiter les divisions pour affaiblir la position négociatrice de l’UE.
En somme, la stratégie commerciale de la Chine vis-à-vis de l’UE combine des éléments de pragmatisme, de réalpolitik et de théorie des jeux, démontrant une approche sophistiquée et calculée pour protéger et promouvoir ses intérêts économiques et géopolitiques.
Source : https://www.lopinion.fr/economie/europe-chine-lart-de-la-guerre-commerciale-par-emmanuel-combe