Mariana Enríquez, une auteure argentine renommée pour ses œuvres horrifiques et fantastiques, présente une production littéraire complexe et multiforme. Ses livres, traduits en France de manière non chronologique, reflètent son inclination à manipuler le temps et la linéarité narrative, une caractéristique qui évoque les théories de Michel Foucault sur la discontinuité et la fragmentation du récit historique.
Les œuvres de Mariana Enríquez se situent à l’intersection du fantastique et du politique, incorporant des éléments de l’horreur réelle et imaginaire. Cette approche rappelle les travaux de H.P. Lovecraft, qui explore les abysses de l’horreur cosmique, mais également les critiques sociales de Clive Barker, qui utilise le fantastique pour dénoncer les injustices sociales. Enríquez puise dans ses expériences personnelles, notamment les traumas liés à la dictature argentine, pour créer des récits qui sont à la fois une radioscopie de la misère et de la violence contemporaines et une exploration des profondeurs psychologiques humaines.
Son écriture, marquée par une lucidité implacable et une fibre féministe prononcée, dénonce la violence faite aux femmes et interroge les structures de pouvoir qui sous-tendent les sociétés modernes. Ce mélange de dimensions intellectuelles et conceptuelles place Mariana Enríquez dans le sillage de penseurs comme Julia Kristeva, qui analyse les relations entre le langage, le corps et la société, et de théoriciens postcoloniaux qui questionnent les narratifs dominants et les mémoires collectives. En somme, l’œuvre de Mariana Enríquez est un exemple éminent de cómo la littérature peut servir de miroir aux horreurs et aux complexités du monde contemporain.
Source : https://www.monde-diplomatique.fr/2023/05/DAGUERRE/65735