Résumé automatique par l’Intelligence Artificielle :
Point de vueLa francophonie, confrontée à la domination de l’anglais et à une compétition culturelle mondiale multipolaire, doit s’adapter aux nouveaux enjeux économiques et numériques tout en préservant ses fondamentaux éducatifs et culturels.L’idée de la francophonie (1), apparue au tout début du XXe siècle, relevait d’emblée d’une utopie : elle supposait de fonder, sur un amour universel de la langue française, en dépit des frontières, une fédération mondiale illustrant ou exaltant notre civilisation, notre mémoire et nos valeurs. Du soft power avant la lettre (2). Le poids d’un pays dans le monde ne se mesurant plus seulement à la force de son économie, à ses capacités militaires, à sa place dans les institutions internationales, il devait bon gré mal gré reposer aussi sur la puissance de séduction de ses idées, de ses savoirs, de sa culture. langue française
« On aura beau faire du prêchi-prêcha, il est évident que l’enseignement et la pratique de la langue française s’affaiblissent. »
Mais cette colombe a du plomb dans l’aile. Désormais, il s’agit surtout de résister à une mondialisation, fort pragmatique celle-là, celle de la langue anglaise (ou plutôt américaine), qui règne sur le commerce comme sur le marché culturel, l’industrie numérique, les réseaux sociaux, les échanges universitaires, etc. On aura beau faire du prêchi-prêcha, il est évident que l’enseignement et la pratique de la langue française s’affaiblissent. Un exemple : en trente ans, au Brésil, l’anglais puis l’espagnol ont supplanté le français comme première langue dans le secondaire (3). Ce double phénomène (adhésion/résistance) est perceptible dans la politique culturelle extérieure de la France, partagée entre l’invocation adulatrice de l’exception française et une contestation revêche du « tout anglais ».Le symptôme principal de cette « culture-monde » (4) est cette novlangue anglo-saxonne qu’on pratique dans les échanges internationaux, y compris dans les institutions européennes. Certes, personne ne perçoit cette uniformisation linguistique comme un progrès. Face à la menace d’un monolinguisme insipide, la défense des spécificités linguistiques se ranime partout, y compris à Oxford ou à Cambridge. La France fait front, vaille que vaille. Elle se fonde sur des atouts historiques et ses institutions vivaces: l’Institut français et le réseau des Alliances françaises ; le vecteur audiovisuel de France Médias Monde; le réseau de l’Agence universitaire de la francophonie. Le français est encore enseigné à travers la planète par un million de professeurs devant 90 millions d’élèves. La revue Le Français dans le monde a des milliers d’abonnés (5).Un chemin de crête, entre américanisation et pugnacité orientaleLes acteurs de notre réseau culturel, l’un des premiers à l’échelle internationale, ressentent cette lassitude. Car le monde dans