Dans le contexte de la Cour Pénale Internationale (CPI), le livre « Muzungu à la CPI : des œuvres-outils » de Franck Leibovici et Julien Seroussi explore l’intégration innovante de l’art et de la poésie dans les processus judiciaires. Cette démarche, déployée entre 2016 et 2022, utilise des « œuvres-outils » – des créations artistiques doublées d’outils professionnels – pour naviguer dans la complexité des éléments de preuve présentés lors des procès.
Cette approche s’inscrit dans une perspective interdisciplinaire, combinant l’art, les sciences sociales et le droit, ce qui évoque les idées de Bruno Latour sur les réseaux socio-techniques et la nécessité de considérer les objets non humains comme actants dans les processus de délibération. Les auteurs montrent comment ces œuvres-outils peuvent modifier les pratiques professionnelles des juges, leur offrant de nouveaux moyens de délibération et d’investigation documentaire, especialmente dans des cas comme le procès de Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo Chui.
Cette intégration de l’art dans la justice internationale peut être vue à travers le prisme de la théorie de la performativité de Judith Butler, où les actes et les représentations artistiques deviennent des instruments d’action qui transforment les contextes légaux. En somme, ce travail souligne la capacité de l’art et de la poésie à ouvrir de nouveaux espaces de représentation et de questionnement, enrichissant ainsi les pratiques de la justice internationale.
Source : https://laviedesidees.fr/L-art-au-renfort-de-la-justice