Dans le contexte de la Rome de la première modernité, les conversions religieuses, particulièrement celles des juifs au catholicisme, entraînaient des conséquences économiques significatives. L’étude de la famille Corcos, une élite de banquiers juifs, offre un éclairage précieux sur ces phénomènes. D’un point de vue théorique, ces conversions peuvent être analysées à travers le prisme de la théorie de l’échange social de George Homans, où les individus évaluent les coûts et les bénéfices de leurs actions.
Les conversions des membres de la famille Corcos, tels que Salamone et Lazzaro, qui devinrent Ugo et Gregorio Boncompagni, illustrent comment ces changements de statut social pouvaient ouvrir des opportunités économiques nouvelles. La conversion leur permit d’accéder à des postes municipaux prestigieux et à des privilèges, ce qui peut être vu comme une forme de capital social au sens de Pierre Bourdieu, où le statut social et les réseaux influencent les opportunités économiques.
Cependant, ces conversions avaient aussi des impacts négatifs sur la communauté juive restante. Les transferts de biens et les restrictions imposées par les autorités ecclésiastiques contribuèrent à la paupérisation de cette communauté, mettant en lumière les tensions entre les bénéfices individuels et les coûts collectifs, un thème central dans la théorie des biens publics.
En somme, les conversions religieuses dans la Rome de la première modernité étaient des phénomènes complexes, influencés par des motivations économiques et sociales, et ayant des conséquences profondes sur les statuts et les opportunités des individus et des communautés impliquées.
Source : https://laviedesidees.fr/L-economie-de-la-conversion