Les Chambres d’agriculture, institutions clés dans l’orientation et la mise en œuvre des politiques agricoles en France, sont actuellement au cœur d’une crise multiforme. Cette crise, à la fois économique, sociale et écologique, met en lumière les limites du modèle agro-industriel dominant, souvent associé aux politiques menées par la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA) et les Jeunes Agriculteurs (JA).
D’un point de vue intellectuel et conceptuel, cette situation peut être analysée à travers le prisme de la théorie de la durabilité, telle que définie par le concept de développement durable des Nations Unies. Les Chambres d’agriculture, en tant que vecteurs de ce développement, devraient intégrer les dimensions environnementales, sociales et économiques pour assurer une viabilité à long terme des territoires et des entreprises agricoles.
Cependant, la domination de la FNSEA et des JA dans ces institutions soulève des questions sur la représentativité et la démocratie. Le modèle actuel, caractérisé par un scrutin majoritaire, conduit à une représentativité tronquée, excluant souvent les voix minoritaires et les perspectives alternatives. Cela évoque les critiques de la démocratie représentative formulées par des penseurs comme Jacques Rancière, qui soulignent l’importance de l’inclusion et de la participation citoyenne pour une véritable démocratie.
Pour sortir de cette crise, il est proposé de transformer le mode de scrutin en un scrutin proportionnel et d’ouvrir les Chambres d’agriculture à la société civile, créant ainsi des espaces de débat et de construction collective. Cette approche s’aligne sur les principes de l’intelligence collective et de la gouvernance participative, théorisés par des auteurs comme Pierre Lévy et Michel Callon, qui mettent en avant la nécessité de mobiliser les connaissances et les perspectives diverses pour résoudre les problèmes complexes. En fin de compte, une refonte des Chambres d’agriculture est nécessaire pour intégrer les préoccupations écologiques, sociales et économiques, et pour garantir une représentation plus démocratique et inclusive des intérêts agricoles.
Source : https://basta.media/chambres-agriculture-outil-au-service-fnsea