Dans le contexte des élections européennes de 2024, l’Allemagne a vu une percée significative de l’extrême droite, particulièrement parmi les jeunes. Les partis traditionnels, focalisés sur les structures institutionnelles de la politique, ont négligé le tissu associatif et militant qui soutenait historiquement la jeunesse, notamment dans les régions de l’Est.
Cette négligence a créé un vide que l’Alternative für Deutschland (AfD) a exploité avec succès. L’AfD a gagné 16% des suffrages des jeunes de 16 à 24 ans, dépassant ainsi les scores de 2019 de 11 points. Ce phénomène peut être analysé à travers le prisme de la théorie de la « délégitimation » des institutions, où les partis établis perdent la confiance des citoyens, ouvrant la voie à des alternatives radicales[3].
La stratégie de l’AfD, qui combine des discours simples et rassurants sur la stabilité et la prospérité économique, a résonné auprès de jeunes inquiets pour leur avenir. Cela reflète une dynamique où les peurs et les anxiétés économiques et sociales sont exploitées par l’extrême droite, un scénario prévu par les théories de la psychologie politique qui soulignent comment les sentiments de menace et d’insécurité peuvent conduire à des choix électoraux radicaux.
En outre, l’utilisation efficace des réseaux sociaux comme TikTok par l’AfD a permis de toucher directement les jeunes, créant un sentiment de proximité et de compréhension mutuelle, un aspect clé dans la théorie de la communication politique qui met en avant l’importance de la connectivité et de l’authenticité dans les campagnes électorales[5]. Cette approche a contribué à éroder le soutien aux partis verts, qui avaient précédemment bénéficié de l’engouement pour le mouvement climatique Fridays for Future, mais ont depuis perdu de leur influence parmi les jeunes.
Source : https://www.monde-diplomatique.fr/2025/01/GRESILLON/67909