Svjedok : un documentaire sur les plaies ouvertes des guerres d’ex-Yougoslavie

Le documentaire « Svjedok » – ou « Le Témoin » en français – aborde les profondes blessures laissées par les guerres de Yougoslavie, particulièrement en Bosnie-Herzégovine. Ce conflit, marqué par des affrontements entre Serbes, Croates et Musulmans (ou Bosniaques), révèle les tensions ethniques et religieuses qui ont déchiré une région historiquement disputée entre l’Occident et l’Orient.

D’un point de vue conceptuel, ce conflit illustre la théorie des « conflits identitaires » de Samuel Huntington, où les différences culturelles et religieuses entre groupes peuvent dégénérer en violences fratricides. La Bosnie-Herzégovine, avec ses trois principales religions (catholicisme, orthodoxie et islam), représente un carrefour où ces identités se croisent et entrent souvent en conflit.

Les accords de Dayton, qui ont mis fin aux hostilités en 1995, n’ont pas résolu les profondes divisions entre les communautés. La coexistence forcée entre la Fédération de Bosnie-Herzégovine et la République serbe de Bosnie maintient un équilibre fragile, soutenu par la présence de forces internationales. Ce scénario rappelle la notion de « paix négative » de Johan Galtung, où l’absence de violence est maintenue par des moyens externes rather que par une véritable réconciliation.

Le documentaire met en lumière les souffrances des civils, notamment les Serbes, victimes de massacres et de violences perpétuées par toutes les parties au conflit. La figure du général-médecin Zoran Stanković, qui a dirigé les équipes d’experts chargées d’identifier les corps des victimes, symbolise le stoïcisme et la détermination des Serbes bosniens face à l’horreur.

La question de la mémoire et de la justice est centrale dans ce contexte. Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) a joué un rôle crucial en établissant la vérité historique et en poursuivant les responsables de crimes de guerre, mais les débats sur la nature des crimes et les responsabilités respectives persistent, créant un sentiment d’injustice et d’incompréhension chez les différentes communautés[2].

En fin de compte, le conflit bosnien soulève des questions fondamentales sur la coexistence de communautés diverses, la mémoire collective et la justice transitionnelle, mettant en évidence la complexité et la profondeur des plaies ouvertes par les guerres de Yougoslavie.
Source : https://www.revue-elements.com/svjedok-un-documentaire-sur-les-plaies-ouvertes-des-guerres-dex-yougoslavie/

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