Résumé automatique par l’Intelligence Artificielle :
Publié le
18 décembre 2024 à 8h00
L’artiste a enduré pendant trois ans la torture dans les geôles du régime Al-Assad. Réfugié politique en France, son œuvre est un témoignage journalistique et artistique exceptionnel.Cet article est une carte blanche, rédigée par un auteur extérieur
au journal et dont le point de vue n’engage pas la rédaction.
Il n’y croyait plus, depuis si longtemps. Les jours précédents, les signes préfigurateurs se bousculaient cependant, au gré des villes et des villages libérés les uns après les autres et qui rapprochaient les forces rebelles de la capitale Damas. Mais comment imaginer que le régime, né l’année même de sa naissance, en 1970, allait un jour s’évaporer comme une bulle de savon sur laquelle on souffle furtivement ? Dans la nuit du 8 décembre pourtant, à 4 heures, son épouse Habir le réveille. Najah Albukaï, réfugié politique en France, comprend que l’impensable s’accomplit : la Syrie se délivre de l’innommable tyrannie de Bachar al-Assad, héritier d’Hafez.A lire aussi
Décryptage
Chute de Bachar al-Assad en Syrie : la fin d’une dynastie sanguinaire
Abonné
On imagine l’euphorie dans le cœur de Najah. Elle est altérée par les images des cachots engorgés et des familles hurlant espoir et désespoir de retrouver un proche disparu, elle est tempérée par le souvenir, obsédant, d’un compagnon de cellule, Raguid, embastillé depuis quarante-trois ans. Qu’est-il devenu ? A-t-il survécu ? « Le soir même, j’apprenais qu’il était vivant et libre. Je pouvais enfin savourer. » Savourer plutôt qu’exulter, tant l’étonnement est incommensurable, la joie impréparée, et l’enchevêtrement des sentiments déroutant. Les larmes coulent enfin lorsque des vidéos montrent ses cousins, jusqu’alors reclus dans un camp de réfugiés insalubre, rejoindre leur maison.Publicité
Depuis quelques années, Najah Albukaï avait appris à maîtriser la mémoire de son indicible épreuve dans les prisons de Bachar, à camoufler le souvenir des souffrances physiques, des douleurs psychiques, des tortures morales que ses geôliers avaient fait subir à son corps et dans son âme. Subitement, les cauchemars rejaillissent. L’odeur, les bruits, les hurlements de nouveau l’envahissent. Une nuit, il entend sa fille Nadia pleurer, Nadia elle aussi rattrapée par les démons qu’elle croyait sous contrôle.A lire aussi
Entretien
Après la chute d’Al-Assad : « S’il faut creuser ou éplucher les registres des prisons pour retrouver leurs corps, nous le ferons »
Abonné
L’histoire de Najah est une parmi les millions d’autres, mais elle n’est pas une noyée dans la masse de celles que l’Occident découvre depuis une semaine. La Syrie débarrassée du dictateur n’est pas un