Le programme économique du Nouveau Front populaire (NFP) pour les élections législatives de 2024 marque une rupture significative avec les politiques économiques dominantes des dernières décennies. Cette initiative se positionne comme une réponse à la double crise écologique et sociale, en proposant des transformations profondes qui dépassent les modèles économétriques traditionnels. Les auteurs, Pierre Khalfa et Jacques Rigaudiat, soulignent que ces mesures, bien que nécessitant un financement important, ne peuvent être évaluées uniquement à travers le prisme de l’équilibre macroéconomique immédiat, car elles visent à transformer les comportements économiques et sociaux.
La critique principale adressée au NFP concerne le financement de ses mesures, souvent réduite à la question de la dette publique et des déficits. Cependant, les auteurs argumentent que la dette, lorsqu’elle est gérée de manière publique et non soumise aux marchés financiers, peut jouer un rôle intergénérationnel essentiel. Ils citent l’exemple du Japon et des États-Unis, où des institutions publiques nationales garantissent la stabilité du financement de la dette.
Dans cette perspective, la création d’un pôle public bancaire, inspirée des théories keynésiennes sur le rôle de l’État dans l’économie, est proposée pour orienter l’épargne populaire vers des investissements sociaux et écologiques stratégiques. Ce dispositif permettrait de dégager le financement public de l’emprise des marchés financiers, assurant ainsi une stabilité et une orientation démocratique des investissements.
Cette approche s’aligne sur les idées de penseurs comme John Maynard Keynes, qui défendait l’intervention de l’État pour stabiliser l’économie et financer les investissements publics. Elle se situe également dans le sillage des théories de la finance fonctionnelle, qui mettent en avant le rôle de la dette publique dans le financement des projets à long terme bénéficiant à plusieurs générations. En somme, le programme du NFP cherche à briser le « mur de l’argent » en reprenant le contrôle de la finance et en redéfinissant les priorités économiques et sociales.
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