Le binôme composé de Gérald Darmanin et Bruno Retailleau dans le nouveau gouvernement dirigé par Bayrou soulève plusieurs questions intellectuelles et conceptuelles. D’une part, ces deux ministres, issus de courants de la droite française distincts, incarnent des visions politiques divergentes. Darmanin, ancré dans la droite sociale et influencé par les idées de Nicolas Sarkozy et Xavier Bertrand, se positionne comme un défenseur des classes populaires. En revanche, Retailleau, représentant la droite conservatrice et proche de François Fillon, défend une ligne plus traditionnelle et catholique[2][4].
Cette dualité peut être analysée à travers le prisme de la théorie des élites de Gaetano Mosca, qui met en évidence les conflits et les alliances entre différentes fractions de l’élite politique. Le duo Retailleau-Darmanin illustre ainsi les dynamiques de pouvoir et les stratégies d’alliance au sein de l’élite dirigeante.
Cependant, leur capacité à obtenir les soutiens et les moyens nécessaires pour mener à bien leurs politiques est incertaine. Cette incertitude renvoie à la théorie de la légitimité de Max Weber, selon laquelle l’exercice du pouvoir nécessite une base de légitimité solide. Si Darmanin et Retailleau ne parviennent pas à établir cette légitimité auprès de leurs électeurs et des acteurs politiques, leurs actions risquent de rester vaines.
Enfin, leur position face à des challengers politiques comme Marine Le Pen et le Rassemblement national ajoute une couche de complexité à leur situation. Cette confrontation peut être vue à travers le lens de la théorie des partis cartellisés de Richard Katz et Peter Mair, où les partis traditionnels doivent naviguer dans un paysage politique en mutation. Le succès du binôme Retailleau-Darmanin dépendra de leur capacité à adapter leurs stratégies et à maintenir leur influence dans ce contexte évolutif.
Source : https://www.bvoltaire.fr/tribune-le-binome-retailleau-darmanin-esbrouffe-ou-sursaut/