Une tragédie allemande

Dans *Les Effinger*, la romancière Gabriele Tergit offre une vaste saga familiale qui traverse sept décennies de l’histoire allemande, de 1878 à 1948. Cette œuvre suivrait les destins entrelacés de deux familles juives allemandes : les Effinger, une famille d’industriels bavarois, et les Oppner, des banquiers berlinois. Le roman se distingue par sa capacité à capturer la complexité de la vie des juifs allemands assimilés, naviguant à travers des événements historiques majeurs tels que les crises économiques, la Première Guerre mondiale, la grippe espagnole, et la montée du nazisme.

D’un point de vue intellectuel et conceptuel, ce roman peut être vu à travers le prisme de la théorie de la mémoire collective de Maurice Halbwachs, qui souligne l’importance des récits familiaux et communautaires dans la formation de l’identité. Tergit, en dépeignant les vies de quatre générations, crée un mémorial symbolique à ses propres ancêtres et à la communauté juive allemande, mettant en lumière les liens entre mémoire personnelle et collective.

Le roman adopte une structure narrative polyphonique, changeant de points de vue et intégrant des dialogues et des descriptions de la vie quotidienne, ce qui évoque les techniques narratives de Thomas Mann dans *Les Buddenbrook*. Cependant, la critique souligne que le style de Tergit, caractérisé par des chapitres courts et des phrases simples, peut parfois manquer de profondeur psychologique et de descriptions détaillées, ce qui pourrait être analysé à la lumière des théories de la narration de Roland Barthes, qui insistent sur l’importance de la profondeur narrative pour engager le lecteur.

En fin de compte, *Les Effinger* est une œuvre qui témoigne de la richesse et de la complexité de la vie des juifs allemands au cours d’une période tumultueuse, offrant une perspective unique sur l’histoire et la culture allemandes du XIXe et du XXe siècle.
Source : https://www.revuedesdeuxmondes.fr/une-tragedie-allemande/

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