Vieilles branches

L’enquête de Nicolas Renahy, étalée sur cinq années, offre une perspective profonde sur le vieillissement et la résistance des ouvriers les plus militants de Sochaux après leur retraite. Cette étude s’inscrit dans la tradition de la sociologie critique, notamment dans le sillage des travaux de Stéphane Beaud et Michel Pialoux sur la condition ouvrière et l’individualisation du travail.

Les retraités, majoritairement nés avant, pendant ou juste après la guerre, et ayant intégré le marché du travail dans les années 1960-1970, sont profondément marqués par les événements de 1968. Malgré les nombreux défis physiques et sociaux qu’ils affrontent, tels que maladies et infirmités, ils maintiennent un fort engagement militant, particulièrement visible dans leur participation aux manifestations contre la réforme des retraites en 2023.

Cette résistance peut être analysée à travers le prisme de la théorie de la résistance quotidienne de James Scott, qui met en lumière les formes subtiles et persistantes de défiance face aux structures de pouvoir. Les ouvrières retraitées, en particulier, évoquent leur parcours d’émancipation à travers l’accès à la culture et à l’éducation, ce qui reflète les idées de Pierre Bourdieu sur la reproduction culturelle et les stratégies de distinction.

Enfin, l’enquête souligne l’importance des solidarités et des réseaux sociaux dans le processus de vieillissement, renforçant ainsi les concepts de capital social et de soutien communautaire développés par Robert Putnam. Ce travail sociologique invite à repenser la condition ouvrière en intégrant les dimensions de genre, de génération et de classe, offrant une compréhension nuancée du vieillissement et de la résistance dans le monde ouvrier.
Source : https://laviedesidees.fr/Vieilles-branches

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