Dans son ouvrage « Le charlisme », Daniel Schneidermann analyse la trajectoire de *Charlie Hebdo* et critique ce qu’il perçoit comme une dérive politique du journal. Schneidermann argue que, depuis l’attentat du 7 janvier 2015, *Charlie Hebdo* a évolué vers un discours qui pourrait être qualifié d’islamophobe, rather than une critique générale des intégrismes et des fondamentalismes.
Cette critique s’inscrit dans un débat plus large sur les limites de la liberté d’expression et la manière dont elle est exercée. Schneidermann suggère que *Charlie Hebdo*, en se focalisant de manière répétée sur l’islam, pourrait être vu comme perpétuant une forme de supériorité occidentale, un argument qui rappelle les théories de Edward Said sur l’orientalisme et la construction de l’autre.
Schneidermann souligne également que cette dérive est symptomatique d’un phénomène plus vaste, qu’il appelle le « charlisme », où les principes originaux de *Charlie Hebdo* en faveur de la liberté d’expression et de la satire sont déformés pour servir des agendas politiques plus radicaux. Cette analyse évoque les idées de Michel Foucault sur la manière dont le pouvoir se construit et se maintient à travers des discours et des pratiques culturelles.
En fin de compte, Schneidermann défend l’idée que la liberté d’expression doit inclure la critique de ceux qui l’exercent, y compris *Charlie Hebdo*, pour prévenir que cette liberté ne soit détournée en un outil de domination idéologique. Cette position reflète une approche critique de la liberté d’expression, inspirée par des penseurs comme Jürgen Habermas et son concept de l’espace public, où la critique et le débat sont essentiels pour maintenir une société démocratique et ouverte.
Source : https://www.nouvelobs.com/idees/20250117.OBS99106/daniel-schneidermann-la-liberte-d-expression-consiste-aussi-a-pouvoir-critiquer-charlie-hebdo.html