Résumé automatique par l’Intelligence Artificielle :
Profitant de la » révolution archivistique » en Russie post-soviétique, Jeffrey Rossman a reconstitué l’histoire de la grande vague de grèves, de protestations et d’autres formes de résistance de masse par laquelle les ouvriers – et principalement les ouvrières – du textile dans la Région industrielle d’Ivanovo ont réagi au printemps 1932 aux conséquences sociales désastreuses d’une industrialisation incroyablement forcée. En 1917, la concentration de la classe ouvrière y était la plus élevée de toute la Russie et c’était un grand bastion du bolchevisme. » Même parmi les ouvriers qualifiés de la métallurgie dans le « Vyborg rouge » de Petrograd, les bolcheviks ne jouissaient pas d’une hégémonie aussi inébranlable » (91). Dans la région, le pouvoir était en fait passé aux mains des conseils de délégués ouvriers bien plus tôt qu’à Petrograd.Or, en avril 1932, la région » devient l’épicentre à l’échelle de l’Union soviétique de la résistance ouvrière à la révolution stalinienne « d’en haut » ». Dans les usines d’Ivanovo travaillaient » les ouvriers ayant leur propre expérience et leur propre interprétation de la Révolution d’octobre qu’ils revendiquaient. De ce sentiment est née la conviction qu’il était de leur devoir de juger ceux qui pilotaient la révolution en leur nom. L’évaluation était sévère. Ils s’attendaient au moins à ce que le parti leur offre un meilleur niveau de vie, moins de charges à l’intérieur et à l’extérieur du lieu de travail, et un certain niveau de démocratie dans l’usine. Pénurie chronique de pain, arriérés de salaire croissants, augmentation brutale des tâches, (dés)organisation tayloriste de la production, persécution de ceux qui avançaient des revendications légitimes – ce n’était pas ce à quoi ils s’attendaient. Ils n’étaient pas non plus enthousiastes à l’idée de construire de nouvelles usines – même celles dans lesquelles ils pourraient eux-mêmes travailler un jour, ou dans lesquelles leurs enfants pourraient travailler – si elles devaient être construites à un coût aussi élevé » (92.Dans aucune autre région industrielle, le niveau d’inscription des ouvriers au parti n’était aussi faible qu’ici, et, en même temps, probablement nulle part ailleurs les ouvriers n’ont opposé aussi massivement et vigoureusement la revendication du pouvoir des conseils à la dictature du parti et de la police. Au cours de la grève la plus importante de la région et la plus violente, se transformant en insurrection dans la ville de Vitchouga, 17 500 ouvriers l’ont démontré sans équivoque, en saccageant les sièges du Parti communiste, de la milice et de la Guépéou (police politique), mais sans toucher au siège du soviet, car celui-ci, à leurs yeux, pourrait bien servir de siège au nouveau pouvoir, cette fois-ci élu démocratiquement (93). En plus de la réduction drastique des rations alimentaires, la » révolution d’en haut » signifiait pour eux une f