Ouvriers et bureaucrates (V)

Résumé automatique par l’Intelligence Artificielle :

Avant que les partis communistes n’assument le pouvoir d’État en Europe de l’Est, qui, en raison de la division du monde entre les puissances victorieuses, se trouvait dans la  » sphère d’intérêts » soviétique, ils ont subi la première d’une série de mutations politiques successives, consistant en la rupture de leur propre continuité politique. Cela était nécessaire pour la transformation de ces partis ouvriers en partis de la bureaucratie au pouvoir. Dans le cas extrême de la Pologne, la rupture a eu lieu très tôt et de manière radicale, et même avant la guerre. À la fin des années 1930, la direction de l’Internationale communiste a dissous, sur ordre de Staline, le Parti communiste polonais (KPP), et ses nombreux cadres exilés en URSS ont été presque entièrement exterminés. Le nouveau Parti ouvrier polonais (PPR), créé au début de l’année 1942, présentait une discontinuité profonde par rapport à l’ancien KPP. Il n’en était pas de même pour les partis communistes des autres pays appartenant à la  » sphère d’intérêts » soviétique (116). Les processus de rupture de la continuité y ont été échelonnés, progressifs et, bien que n’étant pas difficiles à démontrer analytiquement, masqués avec beaucoup de succès.Dans l’entre-deux-guerres, la stalinisation inégale et incomplète du mouvement communiste en dehors de l’URSS, combinée à sa subordination croissante aux appareils de l’État soviétique, n’avait pas encore complètement éradiqué son internationalisme. Juste avant le déclenchement de la guerre germano-soviétique, Staline a ordonné un nouveau cours au mouvement. Georgi Dmitrov, secrétaire général du Komintern, a consigné alors dans son journal le message suivant de son patron soviétique, transmis à lui et à ses associés par Andrei Jdanov :  » Il faudra développer l’idée d’une combinaison d’un nationalisme sain et bien compris avec l’internationalisme prolétarien. Dans les différents pays, l’internationalisme prolétarien doit s’enraciner dans un tel nationalisme. (Le camarade Staline a expliqué qu’il ne peut y avoir de contradiction entre le nationalisme, correctement compris, et l’internationalisme prolétarien. Un cosmopolitisme sans racines qui nie le sentiment national et le concept de patrie n’a rien en commun avec l’internationalisme prolétarien. Un tel cosmopolitisme ouvre la voie au recrutement d’espions, d’agents ennemis). » (117)Pendant la guerre, tous les partis communistes opérant dans la future  » sphère d’intérêts » soviétique ont donc été contraints de subir une mutation qui a consisté à  » enraciner définitivement l’internationalisme » – qui signifiait désormais une subordination absolue aux intérêts étatiques de l’URSS – dans un  » nationalisme sain et bien compris ». Le stalinisme, en inculquant à ces partis un nationalisme contraire à leur nature, les a soumis à une  » modification génétique ». Après la guerre, le renversement du capitalism 

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