La dynamique des relations entre la Turquie et les divers mouvements en Syrie, particulièrement après la chute de Bachar al-Assad, est marquée par une complexité géopolitique profonde. D’après les analyses de Tolga Bilener, la Turquie maintient des relations multifacettes avec plusieurs organisations sur le terrain syrien, notamment depuis sa présence militaire en Syrie depuis 2016 et son rôle dans la zone démilitarisée d’Idlib.
La Turquie a historiquement profité de l’affaiblissement de l’Iran, une dynamique qui reflète les rivalités séculaires entre ces deux puissances régionales. Cette approche peut être comprise à travers le prisme de la réalpolitik, où les intérêts nationaux et la recherche de pouvoir prévalent. La théorie des relations internationales de Hans Morgenthau, qui met en avant le rôle de l’intérêt national et de la volonté de puissance, éclaire cette stratégie turque.
Ankara a soutenu principalement l’Armée nationale syrienne (ANS) mais n’a pas empêché les attaques menées par Hayat Tahrir al-Sham (HTS), un groupe qualifié de terroriste par la Turquie. Cette ambivalence reflète la volonté de la Turquie de maintenir son influence dans la région tout en gérant ses relations avec divers acteurs, une approche qui rappelle la politique étrangère gaulliste de la France, caractérisée par une autonomie stratégique et une non-alignement avec les blocs traditionnels.
Les objectifs de la Turquie en Syrie sont multiples : éviter le démembrement du pays, prévenir un gouvernement hostile, exploiter les intérêts économiques, lutter contre le terrorisme du PKK/PYD, et gérer la crise des réfugiés syriens. Ces objectifs sont empreints d’une logique de sécurité et de développement, alignés sur les théories de la sécurité nationale et de la géopolitique, où la stabilité régionale et les intérêts économiques sont primordiaux.
Enfin, la Turquie cherche à renforcer son autonomie stratégique en multipliant ses partenaires économiques et en développant ses propres projets d’infrastructure, tels que le Corridor central et la Route du développement, ce qui illustre une approche pragmatique et flexible dans ses relations internationales. Cette stratégie, inspirée par les principes de la diplomatie réaliste, permet à la Turquie de naviguer dans un environnement géopolitique complexe et en constante évolution.
Source : https://www.revue-elements.com/tolga-bilener-historiquement-la-turquie-a-toujours-profite-de-laffaiblissement-de-liran/